TENSIONS SOCIALES : LES PEUPLES AUTOCHTONES DE DIKOLO SOUFFRENT LE MARTYR !

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TENSIONS SOCIALES : LES PEUPLES AUTOCHTONES DE DIKOLO SOUFFRENT LE MARTYR !

C’est un drame que vivent les populations de Dikolo dans la ville de Douala depuis le 14 Mai 2022. Une situation sociale explosive créée par des destructions et des expulsions qui sont à la fois illégales et injustes, prétendument pour cause d’utilité publique. Il est important de souligner que Dikolo est le symbole d’une escroquerie foncière organisée avec la complicité de hauts responsables de l’État et l’administration camerounais.

Cette situation qui prévaut depuis 2015, touche en grande partie des terres ancestrales occupées par cette communauté depuis plus de 300 ans. Mais ces procédures d’expulsion justifiée par une série de décrets d’expropriation, présentent des faits d’incohérences de l’administration, que nous avons relevée à la suite de nos investigations. Il s’agit :

  • Du décret Numéro 00329/MINDCAF/SG/D1 du17 avril 2015 déclarant d’utilité publique les travaux de construction de l’hôtel Hilton de Douala, sur une dépendance du domaine national et public d’une superficie de 4 hectares a05a32Ca. Ce terrain se trouve au lieu-dit Besseke dans le quartier Bali, dans l’arrondissement de Douala 1er, département du Wouri.
  • Du décret Numéro 00033/MINDCAF/A010 du 14 mars 2019 déclarant d’utilité publique les travaux de réalisation des projets hôteliers dans la ville de Douala au lieu-dit Besseke.
  • Du décret 2020/004/PM du 9 janvier 2020 portant expropriation pour cause d’utilité publique, incorporation dans le domaine privé de l’État de terrains d’une superficie de 2 hectares a63a30Ca situés au lieu-dit Besseke dans le quartier Bali, dans l’arrondissement de Douala 1er, département du Wouri.

Au regard de ce qui précède, comment peut-on justifier, ou mieux expliquer une telle violence administrative sur des populations autochtones en les déguerpissant de manière brutale de Dikolo qui constitue leur terre et patrimoine ancestral ?

Comme le révèle le résultat de nos enquêtes, ces décrets d’expropriation présentent d’énormes incohérences, car dans l’analyse des trois DUP, il est clairement démontré qu’il y a erreur sur le lieu. Le quartier Dikolo etant différent du quartier Besseke à Bali, le titre foncier Numéro 750W appartient à Dame Endale Manga et correspond à un terrain situé à Bonantone-Deido à Douala.

La « cause d’utilité publique » aurait pu être justifiée si la signature de la DUP n’était pas au bénéfice d’intérêts privés, le bénéficiaire en question étant un opérateur économique, dénommé Olivier Chi Nouako, prétendant vouloir y construire un hôtel Marriott. A la suite d’une pétition des populations et sympathisants de la cause de Dikolo adressée aux dirigeants du groupe hôtelier Marriott au Canada, ces derniers ont répondu que le Marriott ne s’engage jamais dans des projets qui ont pour conséquence de déposséder des communautés autochtones de leur terre (PJ Courrier Marriott). Le géant de l’hostellerie souligne ensuite que dans sa démarche il ne construit pas de bâtiments, mais qu’il intervient en apportant sa marque, son label et son savoir-faire managérial aux partenaires qui le sollicitent. Enfin, le groupe précise qu’il n’a aucun projet en cours au Cameroun.

Par Joel Constant TCHOEGNIA